Mohamed Oufkir, un confident devenu traître

L’affaire Oufkir nous ramène dans le Maroc des années 1970, à une époque où le royaume est fraîchement indépendant, et où les coups d’états se succèdent sans peines.
Dès son arrivée au trône en 1961 le roi Hassan II se rapproche des officiers dont la fidélité et la dévotion à la monarchie paraissaient inébranlables.
Bras droit du roi qui semble lui accordait une confiance illimitée, le général Oufkir, ministre de la Défense, est porteur des plus conséquents secrets du royaume, longtemps considéré comme le plus solide et fidèle rempart du trône, de plus il était un ami du Roi, avant même qu'il accède au trône.
Les raisons qui ont poussé Oufkir de tenter de renverser son Roi, restent jusqu’à présent très floues, mais cependant plusieurs motivations émergent après sa mort, comme le fait que ce dernier souhaitait mettre en place une république militaire, comme Franco à son époque, mais d'autres comme sa famille soutiennent que le général voulait instaurer un régime démocratique. C'est le 16 août 1972, qu'un nouveau coup d’Etat se produit. Et ce sera le dernier.
C’est ainsi que durant le vol du Boeing royal en direction de Rabat ce jour là, au survol de Tanger, plusieurs F5 encerclent l’avion et un premier coup de canon est lancé, touchant l’un des trois réacteurs sur le côté et blessant plusieurs passagers.
Le commandant Kabbaj, alors aux commandes de l’engins, a l’ordre d’annoncer sa mort et de par la suite préparer l’atterrissage. C’est ainsi que quelques minutes plus tard, l’avion réussit tant bien que mal à se poser et ce sont les membres du gouvernement, et parmi eux le général Oufkir, surpris à la vue du roi. Le commandant Kabbaj réussit un exploit en sauvant le vie de ses illustres passagers, d'abord puisque il a réussi à faire atterrir l'avion sans encombre, et cela avec un réacteur hors service, et sans oublier qu'il a amadoué les pilotes en leur déclarant que le roi était blessé et donc d'arrêter de tirer.
Ainsi, le roi est escorté vers le salon d’honneur. Or, lorsque l’ordre de partir est donné au cortège royal , le roi se sauve aux toilettes et le prince Moulay Abdellah prend sa place, sans que Oufkir, à la tête du cortège, ne s’en rende compte. C’est ainsi que ce dernier donne l’ordre à un des F5 de faire feu sur le cortège et c'est ainsi que plusieurs personnes perdent la vie ou se blessent grièvement
Pendant ce temps, le roi est évacué de l’aéroport par l’arrière du bâtiment, il aperçoit un homme qui fume une cigarette tranquillement, adossé à sa voiture, il réquisitionne alors sa modeste voiture, Qui sait ? peut être que cet homme a sauvé le roi Hassan II et avec lui la prospérité du Maroc. Hassan II prend la direction du palais de Skhirat, jugé plus sûr que celui de Rabat, en prenant maintes détour par les routes secondaires pour ne pas se faire repérer.
Oufkir est convoqué au palais royal et se "suicide de 5 balles dans le dos " . C'est la fin de ce coup d'État, connu sous le nom de « Coup d’État des aviateurs » qui se solde alors par un échec. Quant au sort réservé à sa famille, il est plus que tragique, ses enfants, sa femme et ses domestiques seront emprisonnés pendant 20 ans, principalement dans le bagne de Tazmamart.