Le rêve perdu du Grand Maroc
La thèse du Grand Maroc est depuis longtemps tombée aux oubliettes, au grand dam de ses défenseurs et à la joie de ses détracteurs. La réunification des territoires ayant appartenu au Maroc avant le protectorat était tout simplement impossible au lendemain de l’indépendance, et n’était pas dans l’intérêt immédiat du Royaume, dont l’administration n’était pas encore tout à fait structurée. Les membres du parti de l’Istiqlal ont longtemps milité pour cette vision d’un Maroc comprenant la Mauritanie, le nord du Mali ainsi que l’ouest algérien, reprenant ainsi les frontières de la dynastie alaouite à son extension maximale avant l’agression française. Allal El Fassi, l’un des plus emblématiques nationalistes marocains et le patron de l’Istiqlal de 1960 à 1974, est à l’origine de ce rêve irréalisable. Revenons sur la genèse du projet ainsi que sur les causes de son échec.
La fondation de la dynastie Idrisside date de 789 et marque la naissance du Maroc en tant qu’entité politique. Le royaume connaîtra dès cette date des périodes successives d’autorité et d’anarchie. De 789 à nos jours, sept dynasties ont régné sur le pays. Les frontières marocaines ont de ce fait beaucoup varié pendant l’histoire : alors que les Almohades contrôlaient l’intégralité de l’occident musulman à leur apogée, les territoires dépendant de la dynastie Wattasside, la plus faible des sept, se limitaient au Nord du Maroc actuel. Le contrôle des régions dépendait étroitement de la « bey ’a », un acte de serment d’allégeance des tribus très répandu dans le monde arabo-musulman. Ainsi, il suffisait que les tribus refusent l’autorité du Sultan pour transformer le Maroc en une myriade de petits états indépendants en un court laps de temps, donnant ainsi l’occasion aux européens ainsi qu’aux ottomans d’étendre leur contrôle et leur influence sur un Maroc affaibli et divisé et de réduire ces frontières.
Dès 1955, Allal El Fassi défend la thèse du Grand Maroc. Il est révolté à l’idée que son pays soit confiné dans un territoire qui ne représentait selon lui qu'un cinquième de ce qui serait le grand Maroc à l’indépendance. D’autres futurs hommes politiques mauritanien, tels que Horma Ould Babana, Mokhtar Ould Bah ou encore Dey Ould Sidi Baba, soutiendront cette idée par la suite, approuvant que la limite méridionale du Maroc se trouve à Saint-Louis au Sénégal.
L’irrédentisme marocain autour de la question du Grand Maroc est à l’origine de la Guerre des Sables de 1963 entre le Maroc et l’Algérie, et étroitement du conflit du Sahara.
Mais devant l’impossibilité de recouvrir les anciennes frontières du Maroc, le Palais finira par se lasser des discours nationalistes de l’Istiqlal. Hassan II signe en 1972 avec Boumediene un traité où les frontières des deux pays sont délimitées, abandonnant ainsi la volonté de reprendre les régions attribuées à l’Algérie par la France pendant l’occupation. Plus tard, le Maroc finira par officiellement reconnaitre la Mauritanie, mettant définitivement fin aux revendications marocaines sur ce pays, et de facto au projet du Grand Maroc.
La fondation de la dynastie Idrisside date de 789 et marque la naissance du Maroc en tant qu’entité politique. Le royaume connaîtra dès cette date des périodes successives d’autorité et d’anarchie. De 789 à nos jours, sept dynasties ont régné sur le pays. Les frontières marocaines ont de ce fait beaucoup varié pendant l’histoire : alors que les Almohades contrôlaient l’intégralité de l’occident musulman à leur apogée, les territoires dépendant de la dynastie Wattasside, la plus faible des sept, se limitaient au Nord du Maroc actuel. Le contrôle des régions dépendait étroitement de la « bey ’a », un acte de serment d’allégeance des tribus très répandu dans le monde arabo-musulman. Ainsi, il suffisait que les tribus refusent l’autorité du Sultan pour transformer le Maroc en une myriade de petits états indépendants en un court laps de temps, donnant ainsi l’occasion aux européens ainsi qu’aux ottomans d’étendre leur contrôle et leur influence sur un Maroc affaibli et divisé et de réduire ces frontières.
Dès 1955, Allal El Fassi défend la thèse du Grand Maroc. Il est révolté à l’idée que son pays soit confiné dans un territoire qui ne représentait selon lui qu'un cinquième de ce qui serait le grand Maroc à l’indépendance. D’autres futurs hommes politiques mauritanien, tels que Horma Ould Babana, Mokhtar Ould Bah ou encore Dey Ould Sidi Baba, soutiendront cette idée par la suite, approuvant que la limite méridionale du Maroc se trouve à Saint-Louis au Sénégal.
L’irrédentisme marocain autour de la question du Grand Maroc est à l’origine de la Guerre des Sables de 1963 entre le Maroc et l’Algérie, et étroitement du conflit du Sahara.
Mais devant l’impossibilité de recouvrir les anciennes frontières du Maroc, le Palais finira par se lasser des discours nationalistes de l’Istiqlal. Hassan II signe en 1972 avec Boumediene un traité où les frontières des deux pays sont délimitées, abandonnant ainsi la volonté de reprendre les régions attribuées à l’Algérie par la France pendant l’occupation. Plus tard, le Maroc finira par officiellement reconnaitre la Mauritanie, mettant définitivement fin aux revendications marocaines sur ce pays, et de facto au projet du Grand Maroc.